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L'Amarrée - Page 3

  • Je ne sais pas

    Aujourd’hui j’ai lu le cœur d’un homme. J’ai lu certains des mots qu’il cache au monde, comme je cache mon âme. L’inconnu du départ est chaque jour un peu plus près de l’arrivée. Nous nous voyons peu, et nous disons si peu de choses en face, alors que nos échanges littéraires sont nombreux, même si je lis plus de lui que je n’écris de moi. Les écrits nous permettent de communiquer là où les paroles sont difficiles à utiliser.
    Je ne sais pas comment lui dire que je tiens à lui, simplement parce qu’il existe. Simplement parce qu’il me fait confiance. Je ne sais pas comment lui dire que je voudrais qu’il soit heureux, mais que je ne sais pas comment l’aider à l’être. Je ne sais pas comment lui dire que je pense à lui au moins une fois par jour, qu’en dix-huit mois nous avons échangé plus de dix mille messages, sans compter les mails, que lorsque je vois certaines choses autour de moi je pense aussitôt à les lui montrer.
    Je ne sais pas comment lui dire que s’il décide un jour de disparaître de ma vie, je serai profondément malheureuse. Il est à la fois un grand frère et un petit frère. Il est aussi l’homme de ma vie, mon meilleur ami. Je le trouve beau, et parfois il me fait peur. Je lui envie son assurance, son expérience, et je n’attends rien de lui. Je ne veux rien de lui, à part sa compagnie.

    Catégories : Autour de moi
  • Un peu de passion

    Je ne sais pas ce qu'est la passion. Je ne sais pas m'enthousiasmer pour un concept, un projet, un jeu, un truc, du moins pas très longtemps. Je vais me lancer, chercher à tout voir, tout savoir d'un coup, et ensuite, sans doute passer à autre chose, parce que je m'ennuie, parce que j'ai épuisé mon énergie. Mais encore faut-il trouver cette autre chose, une nouvelle, encore une.
    J'ai du mal à comprendre les gens qui arrivent à ne penser, à ne faire ou à ne vivre qu'autour d'une seule chose. J'aime énormément de choses, mais aucune en particulier.
    Je ne peux pas être définie par ce que j'aime, puisque je n'aime rien, puisque j'aime tout.
    Je passe d'un extrême à l'autre. Je ne suis qu'inconstance, changement, remise en question.
    Le changement me fait peur, et je l'appelle de toute mon âme, parce que l'ennui me terrifie plus encore.

  • Ghost

    Je passe régulièrement des nuits blanches.
    Je me force à ne pas dormir car j'ai peur de ne pas me réveiller à l'heure le lendemain.
    J'ai un train, un rendez-vous, un horaire à respecter.
    Des obligations qui m'obligent à bouleverser ma fragile horloge biologique.
    Mais il le faut. J'ai le sommeil lourd et fluctuant.

    Durant ces nuits, je navigue sur les eaux étranges, répétitives et folles de la Toile.
    Je trouve de tout et beaucoup de rien. Je peux passer des heures sur Tumblr, sur Wikipédia, sur Google, suivre un lien puis un autre, les miettes de pain laissées par un Petit Poucet immense et tentaculaire.
    J'apprends beaucoup de bêtises pour crâner devant mes amis, quelques informations trop étranges que je préfère garder pour moi, des opinions que j'ai parfois envie de contester ou de suivre.

    Je regarde parfois le soleil se lever. Passé un certain temps de veille, je me mets à flotter. Lorsque je me trouve dans le bon état d'esprit, celui du rêve éveillé qui précède le véritable réveil, je me sens libre. Sans contrainte, sans idée, immobile, juste un corps en vie, respirant dans ce monde en perpétuel mouvement.
    Durant ces instants, je suis un fantôme, oublié de tous, entre deux eaux.

  • Who are you ?

    Qui êtes-vous ?
    Vous êtes derrière votre écran, je suis devant le mien.
    Vous êtes des chiffres, des pourcentages, des statistiques. Vous êtes immatériels, virtuels. Réels ?
    Je me suis longtemps posé la question. Je ne pense pas avoir un jour une véritable réponse.
    Mais je vois dans ces chiffres, ces calculs, ces algorithmes, que vous existez. Je crois qu'à défaut de vous reconnaître dans mes mots, ils trouvent parfois un écho en vous, une connexion que vous réactivez régulièrement en venant lire les idées éparpillées que j'ai osé lancer sur la Toile.
    Je ne sais pas qui vous êtes.
    Vous ne voyez qu'un ersatz de ce que je suis.
    Nous nous connaissons pourtant bien.
    Merci.
    J'aimerais vous lire, à l'occasion.
    Les plus belles pièces de théâtre sont des dialogues, après tout.

    Catégories : Mots de Minuit
  • Fall ?

    Je ne crois pas être déjà tombée amoureuse.
    Je veux dire vraiment amoureuse, quelque chose qui dure et qui fait tant de bien et de mal à la fois.
    Mais j'ai des coups de cœur. Des coups au cœur. Des envies de toucher quelqu'un qui me voit à peine, qui ne me regarde pas. Des larmes de rage face à ce manque que je n'arrive ni à comprendre, ni à accepter, ni à combler.
    Je garde tout pour moi, tout au fond de cette boîte aux mille serrures qu'est mon cœur. Il y a tant de clés, tant de personnes à qui j'en ai confiées, mais je n'ai jamais offert celle qui contrôle toutes les autres. J'ai peur de tout perdre et de ne jamais pouvoir contacter un serrurier.
    Je ne vois ma vie que comme un chemin solitaire, avec des amis, mais sans amour. Je ne veux pas ! Je veux tellement de choses... Je ne sais pas ce que je veux.

  • Back in the game

    Est-ce que la vie n'est qu'un jeu ? On prend un pion à la naissance, et on avance sur le plateau à coups de dés, de case en case, jusqu'à arriver au point final du jeu, en ayant peut-être gagné un peu d'argent ou hypothéqué, parfois avoir fait un saut à la case prison mais sans avoir jamais pu repasser par la case départ.
    J'aimerais parfois que ma vie ressemble un peu au plateau du Jumanji. Plus de défis, d'aventures et d'émerveillement. De combats, de douleurs aussi. Je me sens comme dans un cocon de facilité, sans un chemin quasiment tracé pour moi, sans que je l'ai mérité. Je me sens parfois coupable de vivre quand tant d'autres ont tiré un pion malade, mourant de faim ou vivant dans un pays en guerre.
    Dans ces moments de mélancolie, je regarde les autres joueurs à mes côtés. Sur le plateau, on n'est jamais seul. On peut avancer en groupe, en couple, loin devant ou complètement à la traîne. Peu importe. Chacun a son propre rythme, et les dés ne peuvent pas être pipés.
    Je commence alors à marcher plus vite, les dés roulent et les cases s'enchaînent.
    J'avance en souriant.

    Catégories : Mots de Minuit
  • Musique

    Comment un son peut-il toucher au cœur, si fort qu'il amène les larmes aux yeux et la gorge serrée, si douloureusement qu'on ne peut plus s'empêcher de penser à ce qu'il rappelle des tréfonds de la mémoire ? Quand cette mélodie se joue, qu'elle se joue de l'esprit de ceux qui l'écoutent, elle peut détruire et construire à la fois.
    Quand on n'est qu'une oreille, qui n'entend rien et écoute tout, ces chansons, ces mots entraînent, apaisent, attisent plus profondément que chez les autres, qui entendent beaucoup mais n'écoutent rien. Ces chansons qui donnent envie de danser, de chanter, de tourner et de tout oublier, pour n'être plus qu'une part du monde, portée par la musique, vivant par et pour elle.
    Rien n'est plus douloureux que le silence. 

  • X ou Y ?

    Être dilettante signifie que l'on ne se fie qu'aux impulsions de ses goûts.
    En suis-je une, lorsque je vois cette personne, ou cette autre, qu'elles sont diamétralement opposées et qu'elles me plaisent toutes les deux ? Est-ce si étrange ne de pas voir des genres, mais des êtres humains ? De ne pas penser en termes de catégories, de norme et de lois naturelles, de simplement se laisser guider par son désir de l'Autre ?
    Se dire "je suis une femme" mais pas que cela, et ne chercher qu'une évidence, quelle qu'elle soit ?
    Je suis un objet vivant non identifié, un ovni. Les garçons m'ont longtemps fait peur, les filles m'horrifiaient. Je n'avais de place nulle part, dans cet entre-deux de différence. Encore aujourd'hui, rien n'est certain. Mais ces années de questions et de regards, car je cherchais à savoir, à comprendre en étudiant les autres, ce que je pouvais bien être, m'ont façonnée telle que je suis.
    J'ai toujours autant de questions, mais la recherche de réponses ne guide plus mon existence. Je me laisse porter par le courant et le bruit de la vie, et j'attends, les yeux et les oreilles grand ouverts, le cœur entrebaillé, fin prête, si jamais...

    Catégories : Questions ?
  • Un moyen de s'évader

    J'aime l'imaginaire.
    J'aime tout ce qui me permet de sortir de mon quotidien, de partir loin, si loin que "je" n'existe plus. Je ne suis alors qu'un héros, une héroïne, un personnage qui vit des aventures extraordinaires, des expériences qu'on ne peux pas avoir aujourd'hui. Il n'y a plus de moi, il n'y a qu'un "vas-y !"
    J'aime les romans d'apocalypse, parce que je me demande alors ce que je ferais si je devais me battre et souffrir, à quel point je voudrais survivre. J'aime les histoires se déroulant dans des mondes qui n'existent pas, parce que je me demande ce que je ferais si j'étais transportée là-bas, ou si j'y avais toujours vécu.
    J'aime ce qui me permet de m'échapper. Ai-je peur de la réalité ? Un peu. Suis-je effrayée par l'avenir, l'inconnu ? Beaucoup. Ai-je envie d'avancer ? Passionnément.
    Mais le fil du temps s'écoule, et est-ce que j'arrive à changer, à évoluer, à mûrir ? Pas du tout.
    Je crois que je ne suis qu'un être humain parmi tant d'autres, qui se débat dans son petit quotidien, qui apprend au jour le jour ce qu'est la vie. Une goutte d'eau dans l'océan, peut-être l'avant-dernière, celle arrivée juste avant la goutte qui fera déborder le vase du monde. Il en faut bien une, après tout.

    Catégories : Autour de moi
  • Quelques secondes, encore et toujours

    Je me retourne. Je le cherche. Je sais qu’il est quelque part ici, dans cet endroit ouvert à tous les vents. Je ne le vois pas. Si, le voilà. Je m’approche, reste derrière lui, il va se retourner, s’apercevoir que je suis là, me reconnaître...
    Je tombe.

    - Oups, pardon !
    - Ce n’est rien, j’étais distraite.

    Je ne suis qu’une passante tête-en-l’air et sans visage, perdue dans la foule. Nous nous sommes rencontrés ici-même, à la fontaine, et aujourd’hui je n’existe plus. Comme tous les jours. Et comme tous les jours, il me bouscule avant d’aller à l’hôpital où l’on m’a déclarée dans un état de mort cérébrale.

    Catégories : Originales
  • Départ

    Elle s'est suicidée. Elle a visité sa famille, croisé des connaissances, discuté avec des amis, rangé quelques affaires. Elle m'a organisé un dîner, une sortie, un échange de livres. Elle m'a dit au revoir sans me le dire, sans que je le comprenne. Sans que je puisse rien y faire. Elle a fait un choix.
    C'est son frère qui m'a contactée, quelques jours plus tard, presque par hasard, parce que j'étais dans sa liste de contacts mails. Il a envoyé le faire-part de décès comme une bouteille à la mer, sans savoir si quelqu'un un jour répondrait.
    Je l'ai fait. Je n'acceptais pas. Je n'ai toujours pas accepté. Je doute le pouvoir un jour. Pour moi, elle est partie en voyage, et un jour elle reviendra comme elle est partie, avec un sourire et des yeux pétillants. Elle m'appellera Mélou et me fera un câlin à l'odeur d'encens, me parlera de tricot et de bande dessinée, comme si de rien n'était.
    Je ne comprends pas, mais je ferai tout pour ne pas oublier, ne jamais l'oublier. Elle a fait partie de ma vie à un moment-clé, et sans elle je ne serais pas celle que je suis aujourd'hui.
    Un jour je trouverai la force de chercher sa tombe au Père-Lachaise, parmi les mille autres, célébrités et gens du commun. Pour moi elle sortait de l'ordinaire, des normes, elle était hors limites. J'ai tant de regrets, quelques remords, un peu de culpabilité, et je me sens vide maintenant. Je n'ai pas été une très bonne amie, je crois. Mais comment aurais-je pu dire à celle que je pensais toujours présente, même ailleurs, qu'elle était une amie précieuse, ce que je pensais évident mais que je n'ai jamais vraiment dit ?
    On ne se rend compte de la valeur d'une amitié que le jour où on la perd, pour toujours.
    Personne n'est immuable.
    C'était mon premier enterrement. J'ai bientôt vingt-cinq ans, et la Mort est venue me faire un petit signe de bienvenue dans le monde des adultes. 

  • Hope

    L'espoir. Un bien grand mot. Une idée qui a élevé des hommes, détruit des empires. C'est invisible, c'est humain, c'est un fardeau et une aide inestimable.
    C'est inutile lorsque l'on vit au jour le jour, sans penser à demain, à simplement vivre. On n'a pas besoin d'espoir, ni d'envie, lorsque l'on est heureux.
    Et lorsqu'on le porte, cet espoir, d'un monde meilleur, d'une vie plus douce, de grands changements, n'oublie-t-on pas où l'on est, où l'on vit ? N'oublions-nous pas de regarder qui nous sommes, avant de chercher plus loin, dans un ailleurs rempli d'incertitudes ?
    Je n'espère rien, sinon un peu de paix intérieure. Je n'espère rien, sinon un peu d'amour dans le monde. Je ne suis rien, rien qu'un peu d'espoir pour ceux qui n'en ont pas.
    J'ai de la chance. Je n'ai pas besoin d'espoir pour moi. Mais j'en ai besoin pour tous ceux qui n'arrivent pas à y croire.

  • Vide

    Est-ce que d'autres que moi connaissent ces moments de vide absolu, où rien ne nous passe par la tête, juste les sons qui résonnent dans la pièce ?
    Ces moments où on n'a aucune pensée, aucun désir, rien, juste le corps qui entend mais n'écoute pas, voit mais ne regarde pas, sent mais ne ressent pas. Ils arrivent de temps en temps, sans prévenir et font mal lorsqu'ils ont disparus. Il me font réfléchir à l'incongruité de ma vie, de ce que je suis et de ce que je fais. Ils m'enlèvent à moi-même, et c'est insupportable.
    Car alors je sais que mon amour de la fiction n'est qu'un besoin de m'évader de ma vie, ma passion des livres un moyen de ne pas grandir, mon goût pour la musique une façon de m'éloigner du quotidien. Ces moments de vide me tuent, morceau par morceau, ils détruisent le peu que j'ai construit jusqu'à présent.
    Après tout, qu'est-ce qu'un grain de sable dans le désert, une goutte d'eau dans l'océan ? Qu'est-ce qu'une personne dans l'humanité ? Qu'est-ce que je suis ? 

  • En-dessous de tout

    Jusqu'à quel point peut-on se sentir inférieur à un ami ?
    Quelqu'un avec qui on a partagé de bons moments, des secrets, une partie de sa vie, quelqu'un que l'on a perdu de vue et regretté, et qui lors des retrouvailles nous jette sa réussite à la figure et se permet de juger notre situation.
    J'ai mal à ma fierté. Je suis jalouse. Je sais que je ne pourrai jamais être comme elle, comme eux, que je suis moi-même, différente, pas mieux ou moins bien, juste moi, et je ne peux pas me changer à ce point.
    Mais la théorie "aime-toi comme tu es" est dure à apprendre, et parfois impossible à mettre en pratique, surtout dans ce genre d'instants qu'on voudrait plus que tout oublier, parce qu'on voudrait retourner dans notre petite routine où ceux qui nous aiment ne nous jugent pas.
    Il n'y a pas de sot métier, et il faut bien travailler pour vivre, mais parfois c'est dur d'être en-dessous de tout, et de tous. J'ai mal à mon égo. J'ai mal à ma vie, jugée sans être comprise, sans compassion, sans amitié. Juste par curiosité.
    Je la déteste pour ce qu'elle a dit. J'ai peur de sentir mon courage s'envoler, mon coeur s'étouffer.
    Au secours.

    Catégories : Autour de moi
  • Am...

    Quand on ne cherche pas, est-ce qu'on peut dire que l'on va trouver, ou que quelque chose va nous trouver ? Quand un garçon arrive les mains dans les poches et des étoiles plein les yeux, est-ce que le temps sera avec nous ? Qui peut se targuer d'avoir vécu un coup de foudre ? Qui l'a vécu progressivement, sans y penser, avec juste un "peut-être" dans le coeur ?
    Mais comment passe-t-on de l'amitié à l'amour ? L'une va-t-elle sans l'autre ? Et puis l'amour, n'est-ce pas l'amitié associée au désir ? Et s'il n'y a rien au final, juste l'envie d'un toi et moi, mais pas d'un nous ? Comment ne pas faire de mal, ne pas détruire ce qui, au fond, compte sans doute le plus ? Que faire de la confiance ? De l'envie de discuter, de rire, d'oublier le monde, n'importe où, n'importe quand, jusqu'à plus soif, de tout, de rien, et de tout ce qui existe entre les deux ?
    Je suis forte en amitié, mais je n'ai aucun talent en amour. J'ai peur.
    L'espoir peut tuer. 

    Catégories : Mots de Minuit