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L'Amarrée - Page 7

  • Vieil homme

    Ses doigts ne ressemblent plus à rien.
    Il a mal, sans cesse, sans trêve, qu'il fasse beau ou qu'il neige. Quand il pleut il tend ses mains, mais les gouttes refusent de les toucher. Ses mains restent sèches et brisées.

    Il voudrait continuer à tout faire, le bois l'hiver, le jardin l'été. Il se morfond d'ennui quand arrivent l'automne et le printemps, parce qu'on lui refuse de sortir. Ses mains pourraient prendre froid.
    Le thermomètre est strié de petits traits noirs, repères qui lui permettent de sortir ou l'obligent à rentrer. Il faut le surveiller. Il aime se cacher, et monter dans les arbres du voisin. Lorsqu'on le trouve enfin, c'est souvent parce qu'il s'endort au milieu des branches et qu'il rêve trop fort.

    Sa petite moustache orne sa bouche, et il ne l'utilise que pour chatouiller les enfants. Il adore se faire remarquer, avoir le hoquet et faire répéter au moins deux fois celui qui a parlé. Il est un peu sourd, mais plus comme une passoire que comme un pot. Il n'aime que les pots de confiture d'ailleurs.

    Il sait qu'il partira bientôt. Il refuse de passer par la case départ, préfèrera voler la banque et tout nous laisser en croyant que ça nous rendra moins triste. Il a cessé de rouler le tabac dans sa petite boîte magique, parce que la boîte s'est cassée, et aussi parce qu'elle le tuait plus vite qu'il ne le voulait. Elle l'a même averti en le faisant tomber dans l'escalier.

    C'est un vieil homme. Avec un enfant coincé dedans. C'est un grand-père qu'on ne veut pas quitter.

    Catégories : Mots de Minuit
  • Petite fille

    Pauline est comme une petite fille, un peu trop sensible, un peu bêbête, et c'est ce qui la rend spéciale. Elle veut vendre des livres, partager son amour des mots qui roulent tous seuls sous sa langue, parce qu'elle aime lire à voix haute, autant que rire.
    Et puis c'est dur de travailler, parce que le monde s'est ligué contre elle, pour la distraire et pour l'en empêcher de grandir. Elle sait s'effacer, mais elle écoute, et elle dessine beaucoup. Ses paroles sont souvent flottantes, inadaptées, presque dérangeantes, mais ça change les idées.
    Pauline, c'est une petite fille qui dit que tout va bien quand tout va mal. Elle pleure sans pouvoir s'arrêter, et elle ne supporte pas la méchanceté.
    L'ange qui veille sur elle est distrait, ne s'occupe pas vraiment d'elle, alors elle en cherche un autre. Elle n'est pas le rayon de soleil, mais plutôt la petite pluie qui amène un arc-en-ciel.

  • Toujours cette question-là

    pourquoi les mots ne songent-ils qu'à eux-mêmes ?
    pourquoi les questions reviennent-elles sans cesse ?
    pourquoi je ne demande que ça ?
    pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
    parce que je ne suis rien
    parce qu'à mon cou est attaché la laisse
    que chaque humain porte en vain
    jusqu'à ce que la vie efface ceux qui aiment

    et cette question qui empêche de comprendre
    comme une petite plaie qu'on ne peut s'empêcher
    de lécher, de gratter
    on désire la douleur qu'elle engendre
    qu'elle apporte à un coeur blessé
    qui ne saigne qu'en pensée
    et qui ne peut se reposer

    Catégories : Questions ?
  • Hair(spray)

    Mes cheveux poussent.
    Ils arrivent maintenant presque au même niveau qu'avant le passage des ciseaux à la barbare, quand j'avais treize ans.
    Ils partent dans tous les sens, ils m'emmerdent, je les accroche partout, sous la bretelle de mon sac, quand je m'assoie, n'importe où, et j'aime ça. Je ne vois plus maintenant mon visage autrement qu'encadré par la masse noire qui ne semble pas tenir en place.
    Et puis, je peux me cacher derrière, et les faire voler aussi. Et ça c'est inestimable.
    Il faut encore que ça pousse un peu plus pour pouvoir me faire une tresse qui ne se défait pas en quelques minutes, mais ça va. Ca pousse.

    Catégories : Autour de moi
  • ça part pas. jfais quoi ?

    Chaque jour l'envie de ne pas se lever, et chaque fois levé aussitôt retombé.
    Souvent l'envie de se libérer, de tout briser, de hurler.
    Toujours coincé, emprisonné, abandonné.
    Ca gratte le coeur et le corps, ça veut tout le temps sortir, même si c'est déjà dehors, et on doit rire.

    Catégories : Autour de moi
  • Smoke

    Qu'est-ce que ça te fait ?
    Qu'est-ce que tu ressens ?
    Qu'est-ce que ça t'apporte ?

    Est-ce que tu le fais pas tu aimes ça, ou parce que tu en as besoin ?
    Est-ce que tu arrives à oublier que ça va te tuer ?
    Est-ce que tu arrives à t'en passer plus d'une minute ?

    La sensation de chaleur dans tes poumons et ton corps est devenue indispensable ?
    La sensation de tenir entre tes lèvres et entre tes doigts ton envie est devenue indescriptible ?
    La sensation de mourir à petit feu sous la fumée est devenue agréable ?

    Ou alors c'était déjà le cas.
    Ou alors tu n'y croyais pas.
    Ou alors tu fermais les yeux et ne rêvais pas.

    Qu'est-ce que tu attends ?
    Qu'est-ce que tu veux ?
    Qu'est-ce que tu dis ?

    Attends.
    Reviens.
    Respire.

    Laisse-la tomber.
    Revis.

    Catégories : Questions ?
  • Opening

    Obscurité.
    Les mains accrochées aux petites choses artificielles qui grignotent les mots.
    Le visage illuminé par la fenêtre ouverte sur cet autre monde.
    Connexion.
    Le dos douloureux appuyé contre le mur qui rattache à la réalité.
    Les yeux fixés sur la vie pixélisée.
    Oubli.

    Il fascine par sa multitude. Il est Légion non parce qu'il le veut, mais parce que tous le veulent, et il n'est que leur outil. Il ne peut se défaire de cette fonction que lorsque ses maîtres l'estiment temporairement inutile, lui, fragile objet, créé par et pour les hommes. Mais il n'est pas leur esclave, car il les obsède. Il leur montre tant de possibilités que beaucoup deviennent fous, et il a sa vengeance. Il leur donne pour mieux leur reprendre. C'est un piège.

    Debout ! Debout, marche, cours si tu le peux !
    Avance et ne te retourne jamais, car s'il sent que tu le fuis, et que tu as peur de lui, alors tu es, tu as perdu.

    Catégories : Mots de Minuit
  • Où es-tu ?

    Ici ? Là-bas ? Est-ce que tu te caches ?
    Est-ce que tu es là, mais que tu refuses que je te vois ?
    Dis-moi. Je suis curieuse, et j'aime la vérité, même si je ne cesse de mentir, d'ailleurs c'est peut-être pour ça.
    Cache-chache virtuel, mortel.
    Si tu es de la couleur du Soleil, moi je suis ce qui se reflète dans le crépuscule, dans le rouge de ses joues brûlantes.
    Je voudrais savoir comment tu vas. J'attend. Je peux être aussi patiente que l'est la tortue, celle qui porte le Monde.
    Tu es là ?


     

    Catégories : Mots de Minuit
  • Si tu tends l'oreille

    Tu pourras entendre le son d'une clochette, le son du vent, le son de la vie qui s'agite autour de toi.
    Tu pourras percevoir l'infime note que produit le monde, et peut-être accorder l'instrument que tu es à cette mélodie.
    Tu pourras danser sur cette musique que nous voulons tous sentir un jour résonner dans notre coeur.

    Si tu tends l'oreille, tu pourras trouver la force de continuer à sourire, et et la volonté de découvrir l'étincelle d'espoir que chacun a en soi, celle qui donne la lumière éclairant la partition de la vie.

  • à toi ?

    Quand on veut, on peut.
    Je te veux, je peux ?


    Catégories : Questions ?
  • L'odeur du temps

    C'est oppressant.
    C'est frustrant.
    C'est vivant.

    On ne peut que supporter, espérer que ça finira vite, qu'on gagnera notre liberté sans trop souffrir.
    Mais c'est une chose immuable.
    Tel le poing qui s'amuse à frapper plus fort à chaque fois, la douleur s'avance, s'installe, ancre ses doigts glacés au plus profond, et se met à hurler.
    Il n'y a rien à changer, à inventer, à créer.
    Le flot emporte tout, détruit tout, remodèle tout et laisse le froid derrière lui, sans lumière dans les ténèbres.
    Quand le silence ne peut que résonner, c'est que l'envie s'en est allée.

    Catégories : Mots de Minuit
  • Lips

    - Dis, tous les hivers tu as les lèvres gercées...
    - Tu ne fais jamais rien pour arranger ça, ça ne te fait pas mal ?
    - Je ne m'en occupe pas.
    - Mais ça te fait mal, non ?
    - Peu m'importe.
    - C'est vrai que vu ton débit de parole, tu ne dois même pas t'en rendre compte...

    ***

    - Pourquoi tu m'offres une écharpe ? Je n'en ai pas besoin.
    - Toi et tes cols roulés... Ce qu'il y a de bien avec une écharpe large, c'est de pouvoir en envelopper et son cou, et son menton. Donc sa bouche, par extension logique.
    - Mmm... Merci.

    ***

    - Dis, tu connais un truc qui s'appelle baume à lèvres ?
    - Je ne suis pas idiot.
    - Alors pourquoi tu n'en mets pas ?!
    - Je n'en ai pas besoin.
    - Tu as vu l'état de tes lèvres ? Tu saignes !
    - Je guéris vite.
    - Je peux désespérer ?

    ***

    - Tu sais que c'est mieux d'avoir les lèvres douces ?
    - Pourquoi ?
    - Vais te montrer...
    - Mais qu'est-ce qui t'arri... Mmmm...
    - Tu vois à quoi ça peut servir ?
    - J'aime bien ce genre d'utilisation...
    - Alors tu mets du baume à lèvres ou tu t'approches plus des miennes.
    - Oui chef !

    Catégories : Originales
  • L'ailleurs que chacun a en soi

    Je donnerais beaucoup pour pouvoir vivre dans les rêves que je fais, dans les images que je vois, dans les mots que j'écris.
    Ces derniers temps, je regarde de plus en plus des films, je lis de plus en plus de livres et de bandes dessinées qui parlent d'un monde dévasté mais pas mort, dans lequel les hommes doivent se battre sans cesse pour pouvoir exister.
    J'aimerais pouvoir y vivre moi aussi, dans un monde comme celui-là. J'aimerais être libérée de celui qui m'emprisonne, qui me tient par des règles idiotes que je n'ai jamais cherché qu'à contourner.
    La nuit, cet endroit apparait parfois. J'y vois ce qui me rendrait heureuse. j'y vois une vie différente, et meilleure grâce à cette différence. Je m'y vois, et je pleure car je n'irais jamais là-bas.

    Catégories : Autour de moi
  • La porte

    il y avait une petite porte au fond de moi.
    ils l'ont découverte, ouverte, ont passé leur nez dans l'entrebaillement et ont vu.
    ils ont refermé la petite porte.
    Et ils sont passés par la grande, ils sont entrés en force, avec du bruit, des rires et mon envie de pleurer de joie.
    ils sont là.
    ils n'en bougeront pas.
    je ne le veux pour rien au monde...

    Catégories : Mots de Minuit
  • Flou, Flot, rien qu'une lettre

    Quelqu'un a dit un jour que ceux qui écrivent s'inspirent de ceux qui écrivaient avant eux. Elle ne s'inspire que de ceux qui écrivent en même temps qu'elle. C'est peut-être tout autant une mauvaise chose, mais les mots qu'elle découvre au bout de ses doigts, qui s'écoulent dans sa tête ont un parfum de renouveau.

    Louvelle ne se cherche plus. Elle s'est trouvée sur le clavier, le visage illuminé par l'écran, les doigts volant sur les touches. Elle avance dans un monde qu'elle s'est créé. Elle ne veut plus s'écrouler comme avant, alors elle ne se lève plus. Elle a cessé de lire en marchant, et ne porte presque plus ses lunettes. Comme ça elle peut rester dans ce qui est flou, dans ce qui peuple ses rêves.

    Des fois la vie la rattrape, alors elle fait semblant d'exister, pour pouvoir continuer à rêver, le plus longtemps possible, le plus intensément possible. Grâce à la fenêtre qu'elle a ouvert dans son esprit, et à la douce lumière qui en coule, Louvelle est au chaud, elle qui déteste le froid. Elle n'a rien besoin de plus.

    Elle ne veut plus se réveiller. Elle en a assez. Alors, elle va tout arrêter.