Quelqu'un a dit un jour que ceux qui écrivent s'inspirent de ceux qui écrivaient avant eux. Elle ne s'inspire que de ceux qui écrivent en même temps qu'elle. C'est peut-être tout autant une mauvaise chose, mais les mots qu'elle découvre au bout de ses doigts, qui s'écoulent dans sa tête ont un parfum de renouveau.
Louvelle ne se cherche plus. Elle s'est trouvée sur le clavier, le visage illuminé par l'écran, les doigts volant sur les touches. Elle avance dans un monde qu'elle s'est créé. Elle ne veut plus s'écrouler comme avant, alors elle ne se lève plus. Elle a cessé de lire en marchant, et ne porte presque plus ses lunettes. Comme ça elle peut rester dans ce qui est flou, dans ce qui peuple ses rêves.
Des fois la vie la rattrape, alors elle fait semblant d'exister, pour pouvoir continuer à rêver, le plus longtemps possible, le plus intensément possible. Grâce à la fenêtre qu'elle a ouvert dans son esprit, et à la douce lumière qui en coule, Louvelle est au chaud, elle qui déteste le froid. Elle n'a rien besoin de plus.
Elle ne veut plus se réveiller. Elle en a assez. Alors, elle va tout arrêter.