On ne se parle pas beaucoup, toi et moi. Je sais que les occasions sont pas trop au rendez-vous, que c'est la vie et tout ça. Mais merde ! Je sais pas si tu réalises, si ça t'arrive de ton côté, mais moi je suis larguée quand on me parle de toi ! Je ne sais plus rien de toi, à part l'essentiel, et même ça j'arrive à en douter ! C'est le cas pour la plupart de mes amis, je ne sais plus grand chose de leur vie, mais franchement, toi c'est pire.
Je te jure que je ne dis pas ça pour m'en plaindre, même si c'est pas l'envie qui m'en manque. Je te dis juste ça parce que je déteste ça. Parce qu'Aude et Fabien, mercredi soir, m'ont dit que les amis qu'ils pensaient garder longtemps, c'est ceux de cette année, ceux qu'ils se sont fait après le lycée. Parce que je les ai étonnés en disant que moi, c'était le contraire. C'était ceux d'avant le bac, ceux du lycée. Aude a eu un regard bizarre, comme si elle était gênée. Parce que je ne sais pas ce que tu en penses, parce que c'est peut-être un pur cliché, mais je me vois dans un coin alors que tout le monde s'en va.
C'est bête de ma part, cette peur que tout le monde s'en aille, cette envie continue d'exister aux yeux de ceux qui comptent pour moi. Je me dis que c'est humain, comme l'erreur. Mais des fois, je me sens pas très humaine... Je me sens surtout très égoiste de vouloir garder auprès de moi des gens qui n'ont pas besoin de moi.
Je ne sais pas ce qui va se passer, et j'en ai peur. Je ne sais pas comment tu vas réagir en lisant ces mots. Je ne sais pas ce que tu vas y répondre, et j'ai presque envie de ne pas recevoir de réponse. En fait, le mieux c'est que tu ne répondes pas. Je ne veux pas passer pour une fille qui ne sait pas vraiment ce qu'elle veut, sauf des choses qui sont impossibles. Même si c'est vraiment ce que je suis.
Je ne te demande rien, je te le jure. C'est encore un truc qu'il fallait que je te dise, un état de fait qui me crève les yeux mais dont j'ignore l'importance à tes yeux. Comme l'autre fois. Avant, j'avais l'impression que je pouvais tout te dire. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Pour être exacte, je n'ai plus personne à part mon cahier et mon stylo à qui je pourrais tout dire, et encore.
Je sais pas trop ce qui a changé : toi, moi, nous deux, nos vies... Peu importe en fait. Ya juste quelque chose qui m'a cousu la bouche, et qui t'a éloigné de moi. Je ne crois pas que cette situation changera un jour. Je m'y suis faite. Mal, mais je pense que ça ira. Mais il fallait que je t'en parle. Et pas au téléphone, sur msn ou en face à face. On est tous les deux nuls au télépnone. On se loupe fréquemment sur msn, et quand on s'y croise on se dit des banalités. On se voit tellement souvent que j'en pleurerais. Bref. Fallait bien que ça sorte. Une lettre, c'est bien, et si c'est électronique au moins je suis sûre que ça ne se perdra pas à la poste.
Je ne sais pas ce que tu en penses. Peut-être que tu t'en fous pas mal. Peut-être que tu le sais mais que c'est pas très important. Peut-être pleins de trucs. J'en sais rien. Mais j'm'en fous pas. Peu importe. C'est pas une engueulade. Si je te dis tout ça... C'est juste comme ça.
J'ai pas envie de t'envoyer ce mail. Mais si je ne le fais pas, j'vais m'en bouffer les doigts. J'ai sûrement écrit des choses que tu comprendras peut-être (encore un peut-être) d'une manière alors que c'est pas comme ça que je voulais l'exprimer. Mais si je me relis, je vais tout effacer.
Toi c'est les bref, moi les peut-être. Chacun son truc.
Ne me répond pas.