Marcher le nez au vent dans les rues polluées, ensoleillées. Respirer la foule et le bruit. Penser que le calme sera bientôt là, dès le crépuscule. Réaliser que non, personne ne semble dormir ici. Jour et nuit, la seule chose qui change, c'est la nature de la lumière, naturelle contre artificielle. Les hommes sont également différents, comme si la lune révélait ce qu'il y a de plus étrange en eux. Attendre l'heure. Réfléchir au pourquoi du comment, penser que quand et où sont suffisants, argumenter, peser, repasser les derniers jours, semaines, mois, ouvrir les yeux. Avoir froid tout à coup, envie de rentrer. Une main sur l'épaule, un frisson. Bégayer, réussir à parler, à répondre.
- Allez, viens...
- Je... Finalement... Je ne vais pas venir, desolée.
- Quoi ? Qu'est-ce qui te prends ? Viens !
- Non, laisse-moi, je ne veux plus y aller !
Courir pour se réchauffer, courir pour vivre et continuer à respirer. Courir et se réfugier dans un endroit éclairé. Courir et se jurer de ne plus jamais le chercher, jurer de l'oublier, lui et son monde sans lune ni étoiles, ce monde de brumes et de ténèbres. Espérer trouver le courage de tenir cette promesse, de résister à la tentation de ses bras. Pleurer.