Dis ?
Oui ?
Qu'est-ce que tu voudrais pour ta majorité ?
Toi.
Pourquoi ?
Maintenant.
Pourquoi ?
"Devine"
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Dis ?
Oui ?
Qu'est-ce que tu voudrais pour ta majorité ?
Toi.
Pourquoi ?
Maintenant.
Pourquoi ?
"Devine"
Ses doigts ne ressemblent plus à rien.
Il a mal, sans cesse, sans trêve, qu'il fasse beau ou qu'il neige. Quand il pleut il tend ses mains, mais les gouttes refusent de les toucher. Ses mains restent sèches et brisées.
Il voudrait continuer à tout faire, le bois l'hiver, le jardin l'été. Il se morfond d'ennui quand arrivent l'automne et le printemps, parce qu'on lui refuse de sortir. Ses mains pourraient prendre froid.
Le thermomètre est strié de petits traits noirs, repères qui lui permettent de sortir ou l'obligent à rentrer. Il faut le surveiller. Il aime se cacher, et monter dans les arbres du voisin. Lorsqu'on le trouve enfin, c'est souvent parce qu'il s'endort au milieu des branches et qu'il rêve trop fort.
Sa petite moustache orne sa bouche, et il ne l'utilise que pour chatouiller les enfants. Il adore se faire remarquer, avoir le hoquet et faire répéter au moins deux fois celui qui a parlé. Il est un peu sourd, mais plus comme une passoire que comme un pot. Il n'aime que les pots de confiture d'ailleurs.
Il sait qu'il partira bientôt. Il refuse de passer par la case départ, préfèrera voler la banque et tout nous laisser en croyant que ça nous rendra moins triste. Il a cessé de rouler le tabac dans sa petite boîte magique, parce que la boîte s'est cassée, et aussi parce qu'elle le tuait plus vite qu'il ne le voulait. Elle l'a même averti en le faisant tomber dans l'escalier.
C'est un vieil homme. Avec un enfant coincé dedans. C'est un grand-père qu'on ne veut pas quitter.
Pauline est comme une petite fille, un peu trop sensible, un peu bêbête, et c'est ce qui la rend spéciale. Elle veut vendre des livres, partager son amour des mots qui roulent tous seuls sous sa langue, parce qu'elle aime lire à voix haute, autant que rire.
Et puis c'est dur de travailler, parce que le monde s'est ligué contre elle, pour la distraire et pour l'en empêcher de grandir. Elle sait s'effacer, mais elle écoute, et elle dessine beaucoup. Ses paroles sont souvent flottantes, inadaptées, presque dérangeantes, mais ça change les idées.
Pauline, c'est une petite fille qui dit que tout va bien quand tout va mal. Elle pleure sans pouvoir s'arrêter, et elle ne supporte pas la méchanceté.
L'ange qui veille sur elle est distrait, ne s'occupe pas vraiment d'elle, alors elle en cherche un autre. Elle n'est pas le rayon de soleil, mais plutôt la petite pluie qui amène un arc-en-ciel.
pourquoi les mots ne songent-ils qu'à eux-mêmes ?
pourquoi les questions reviennent-elles sans cesse ?
pourquoi je ne demande que ça ?
pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
parce que je ne suis rien
parce qu'à mon cou est attaché la laisse
que chaque humain porte en vain
jusqu'à ce que la vie efface ceux qui aiment
et cette question qui empêche de comprendre
comme une petite plaie qu'on ne peut s'empêcher
de lécher, de gratter
on désire la douleur qu'elle engendre
qu'elle apporte à un coeur blessé
qui ne saigne qu'en pensée
et qui ne peut se reposer
Mes cheveux poussent.
Ils arrivent maintenant presque au même niveau qu'avant le passage des ciseaux à la barbare, quand j'avais treize ans.
Ils partent dans tous les sens, ils m'emmerdent, je les accroche partout, sous la bretelle de mon sac, quand je m'assoie, n'importe où, et j'aime ça. Je ne vois plus maintenant mon visage autrement qu'encadré par la masse noire qui ne semble pas tenir en place.
Et puis, je peux me cacher derrière, et les faire voler aussi. Et ça c'est inestimable.
Il faut encore que ça pousse un peu plus pour pouvoir me faire une tresse qui ne se défait pas en quelques minutes, mais ça va. Ca pousse.
Chaque jour l'envie de ne pas se lever, et chaque fois levé aussitôt retombé.
Souvent l'envie de se libérer, de tout briser, de hurler.
Toujours coincé, emprisonné, abandonné.
Ca gratte le coeur et le corps, ça veut tout le temps sortir, même si c'est déjà dehors, et on doit rire.
Qu'est-ce que ça te fait ?
Qu'est-ce que tu ressens ?
Qu'est-ce que ça t'apporte ?
Est-ce que tu le fais pas tu aimes ça, ou parce que tu en as besoin ?
Est-ce que tu arrives à oublier que ça va te tuer ?
Est-ce que tu arrives à t'en passer plus d'une minute ?
La sensation de chaleur dans tes poumons et ton corps est devenue indispensable ?
La sensation de tenir entre tes lèvres et entre tes doigts ton envie est devenue indescriptible ?
La sensation de mourir à petit feu sous la fumée est devenue agréable ?
Ou alors c'était déjà le cas.
Ou alors tu n'y croyais pas.
Ou alors tu fermais les yeux et ne rêvais pas.
Qu'est-ce que tu attends ?
Qu'est-ce que tu veux ?
Qu'est-ce que tu dis ?
Attends.
Reviens.
Respire.
Laisse-la tomber.
Revis.
Obscurité.
Les mains accrochées aux petites choses artificielles qui grignotent les mots.
Le visage illuminé par la fenêtre ouverte sur cet autre monde.
Connexion.
Le dos douloureux appuyé contre le mur qui rattache à la réalité.
Les yeux fixés sur la vie pixélisée.
Oubli.
Il fascine par sa multitude. Il est Légion non parce qu'il le veut, mais parce que tous le veulent, et il n'est que leur outil. Il ne peut se défaire de cette fonction que lorsque ses maîtres l'estiment temporairement inutile, lui, fragile objet, créé par et pour les hommes. Mais il n'est pas leur esclave, car il les obsède. Il leur montre tant de possibilités que beaucoup deviennent fous, et il a sa vengeance. Il leur donne pour mieux leur reprendre. C'est un piège.
Debout ! Debout, marche, cours si tu le peux !
Avance et ne te retourne jamais, car s'il sent que tu le fuis, et que tu as peur de lui, alors tu es, tu as perdu.